Le tripot du SCCJ : tout se passe dans les sous-sols du ministère de l’Intérieur

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Les règles dans le système judiciaire sont toutes plus ou moins les mêmes pour interpeler les malfrats. Afin de débusquer un criminel, il faut penser et agir comme lui. C’est en effet ce que fait le Service central des courses et jeux ou la SCCJ pour stopper les jeux illégaux des casinotiers. Un reportage exclusif avec le patron du SCCJ, Philippe Ménard a été fait. Les détails du compte rendu ci-dessous.

Le principe bien élaboré du fameux tripot du SCCJ

Le « tripot » de la SCCJ est en fait un lieu tenu secret, à l’abri des regards trop indiscrets. Pour s’y rendre, tourner le dos à la cour d’honneur de la Place Beauvau, remonter la rue des Saussaies près de la DGCL (Direction générale des collectivités locales). Pareil à une cave, vous emprunterez un escalier en colimaçon pour arriver dans les sous-sols du ministère de l’Intérieur. Dans une salle de quarante mètres carrés, des tables de jeu, tapi, machines à sous dont la plupart ont été sujettes à des perquisitions, jeux de cartes, jeux de dés sont entreposés. Ces objets réquisitionnés datent de la fin des années 1970, les débuts du tripot. Quant à l’équipe du Commissaire Ménard, elle a commencé à exercer ses fonctions en 1892. En ce temps-là, le SCCJ se nommait le service central du contrôle du pari mutuel.

D’après Ménard, son service a besoin de comprendre les mécanismes utilisés autour des tables. Comme les méthodes de tricheries sont de plus en plus perfectionnées, dit-il, cette connaissance relève de la plus haute importance. Par ailleurs, il explique que la meilleure méthode d’approche des autorités reste le joueur victime. Ce dernier accuse le jeu ou les gestionnaires du casino de son échec. À titre d’exemple, un joueur a signalé le dysfonctionnement des roulettes anglaises dans les casinos français, l’été 2013. On peut citer aussi l’affaire d’Enghien-les-Bains et son préjudice de 700 000 euros. Le SCCJ avait déposé 500 caméras de surveillances contre 1 000 dans le casino. Ils ont pu boucler cette enquête grâce à ce système de vidéosurveillance. Les treize suspects répondront de leurs actes en septembre. Cela fait dix ans maintenant que les Courses et jeux font partie de la DCPJ.

Parallèlement, l’une des plus belles prouesses des investigateurs de la SCCJ est l’affaire italienne des cartes marquées sur les tables de stud poker d’un casino azuréen en 2015. Leur mode opératoire était très pointilleux. Tout se jouait par un détournement de sizains et de lentilles infrarouges. Ces derniers fixaient sur le dos des cartes une marque qui n’était visible qu’avec des lentilles infrarouges.

Le devoir avant le plaisir

Cependant, un enquêteur confie que s’assurer du bon fonctionnement des jeux de casinos est loin d’être une partie de plaisir. Au contraire. Il faut jongler entre l’intégrité des croupiers, du respect des normes des établissements et de la loi imposée par l’État. Tout le matériel (les cartes, jetons, les tables…) ainsi que la provenance, l’empaquetage, la disposition des jeux sont passés au crible par le SCCJ.

Revenons au tripot. Le service des Courses et des jeux est réputé comme « Brigades des aveugles ». Certains investigateurs ferment les yeux sur les malversations des maisons de jeux ou les cercles. Cela dit, Philippe Ménard désire poursuivre l’activité du tripot. Celui-ci fait du profilage au sein de ses propres hommes. Malgré les lourdes charges dictées par Manuel Valls et qui incombent Ménard, il projette de recruter d’anciens croupiers dans son équipe. Avec la fermeture de plusieurs cercles de jeu de Paris, cela ne saurait tarder. Et ce n’est pas tout, il espère en outre agrandir sa team avec un lanceur bille, et d’un homme titulaire d’un BEP électromécanique. Pour le moment, le patron du SCCJ est bien entouré, car des experts en tricheries et en manipulation sont prêts à toutes éventualités.

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